Chine-Jiayuguan et la Grande Muraille

[...] Baigné dans la lumière du jour naissant le désert n’en finit pas de beauté, bordé au nord par les montagnes noires de Mazong et au sud par les monts Qilian aux sommets enneigés. Une piste ensablée coupe la plaine étranglée, la maigre végétation se fait une place entre les dunes de sable. Enfin, la Grande Muraille ! [...]

J’ai réalisé ce rêve fou de parvenir en moto à la Grande Muraille de Chine via la Route de la soie

* Petite mise au point grammaticale :... pour ceux qui s’interrogeraient sur mon emploi du terme « en moto ». Les prépositions à  et en sont toutes deux issues du latin in qui signifie  dans  et  sur. L’expression « en moto » (que je préfère, car « je fais corps » avec ma moto !) est donc correcte et confirmée par l’usage (Le Robert).

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Chine-Le monastère de Labrang

 [...] Le lama doit refermer le temple, j'apprends qu'il ne l'a ouvert que pour moi. C'est une situation étrange, comme l'évidence d'un passage attendu. Mon regard prudent reste interrogateur, le sien est paisible, un sourire se dessine sous sa mine faussement austère. Nous nous quittons d’une simple et franche poignée de main.

Xiahe la Tibetaine

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Chine-Où la terre se mêle aux nuages

    [...] Le lendemain, dans les montagnes aux doux sommets tendus de velours vert, sur le plateau se fondant dans la brume, je joue avec des yacks familiers comme des buffles d’eau. Un vieux Tibétain, grand, maigre, à la peau brune parcheminée, nous aborde timidement. Annick se retourne vers moi en me disant : « Tu viens ? Il nous invite chez lui ! ». La maison construite de bois et de terre est basse. Au plafond, sont suspendues des outres en peau de chèvre contenant du beurre de yack ; sur un pan du mur, collées, sèchent des galettes de bouses. Quatre générations vivent dans cette ferme. Les enfants, portés par la curiosité, s’approchent. Leurs joues sont enflammées par de vilaines gerçures,

leurs fesses aussi (l’entrejambe de leur pantalon est sciemment décousu). Le reste de la famille, qui compte une dizaine de membres, nous observe avec calme et circonspection. Deux femmes à la corpulence solide nous préparent un repas improvisé : pains fourrés à la viande cuits contre les parois de glaise du four dont Annick se délecte et un grand bol de tsampa fait de farine d’orge grillée (un nouveau goût, j’aime !), le tout arrosé d’un thé salé au beurre rance (là, j’aime moyennement). Nous sommes les seuls à déguster ce festin. La famille nous affirme avoir déjeuné plus tôt. [...]

Chine-Aux portes du Tibet

Je suis fugacement tenté par l’idée qu’étant aux portes du Tibet, je pourrais y aller et retourner en France par l’Inde. Un voyage sur la terre de Bouddha, juste pour voir, non ? Non, pas cette fois-ci mais lors d’un pèlerinage, peut être… Le voyage a sa volonté que la raison ignore.

Le ciel laiteux s’obscurcit de gros nuages noirs poussés par un vent violent. L’orage s’annonce ; il éclate soudain et furieux.

De retour au monastère, j’assiste à un spectacle qui m’entraîne un peu plus loin dans cette dimension spirituelle de l’Asie. Installés sur la place du débat, sont réunis des ascètes de tous âges. Leurs coiffes jaunes comme autant de têtes de poussins se prosternent cérémonieusement. Le grand maître s’avance, s’assied, préside. Chacun va lui poser sa question pour parfaire une éducation complexe et enrichir sa méditation sur sa destinée, le temps, l’espace et le sens de sa vie. Je profite de ce calme et de ma solitude loin des pirates de mon temps. Je laisse errer à l’aventure mes pensées débridées, enfin libéré de ces autres qui voudraient m’empêcher de vivre ma vie.

Le jour s’achève, l’ombre s’avance sur la place, la paix de la nuit descend sur la terre.