tibet

Chine-Où la terre se mêle aux nuages

    [...] Le lendemain, dans les montagnes aux doux sommets tendus de velours vert, sur le plateau se fondant dans la brume, je joue avec des yacks familiers comme des buffles d’eau. Un vieux Tibétain, grand, maigre, à la peau brune parcheminée, nous aborde timidement. Annick se retourne vers moi en me disant : « Tu viens ? Il nous invite chez lui ! ». La maison construite de bois et de terre est basse. Au plafond, sont suspendues des outres en peau de chèvre contenant du beurre de yack ; sur un pan du mur, collées, sèchent des galettes de bouses. Quatre générations vivent dans cette ferme. Les enfants, portés par la curiosité, s’approchent. Leurs joues sont enflammées par de vilaines gerçures,

leurs fesses aussi (l’entrejambe de leur pantalon est sciemment décousu). Le reste de la famille, qui compte une dizaine de membres, nous observe avec calme et circonspection. Deux femmes à la corpulence solide nous préparent un repas improvisé : pains fourrés à la viande cuits contre les parois de glaise du four dont Annick se délecte et un grand bol de tsampa fait de farine d’orge grillée (un nouveau goût, j’aime !), le tout arrosé d’un thé salé au beurre rance (là, j’aime moyennement). Nous sommes les seuls à déguster ce festin. La famille nous affirme avoir déjeuné plus tôt. [...]

Chine-Et le peuple tibétain ?

    [...] Confusion facile, la porte Tian Anmen, passage vers la Cité interdite, arbore fièrement en son milieu le portrait de Mao Tsé-toung bordée de larges bandeaux rouges : " Vive la République Populaire de Chine " et " Vive l’amitié entre les peuples " – Ça vaut aussi pour le peuple tibétain ? –

Cette porte, sur la place la plus grande au monde, servait de tribune aux empereurs pour s’adresser à la foule. C’est de celle-ci que le Grand Timonier Mao proclama le premier octobre dix-neuf cent quarante-neuf la République Populaire de Chine. De l’empire au totalitarisme, il n’y a qu’une porte… Et le culte de la personnalité a plusieurs visages. [...]

Chine-La Citée Interdite

[...] C’est gigantesque : cent cinquante mille mètres carrés de constructions – huit cents palais entrecoupés d’immenses places –, réparties sur une superficie de plus de soixante-dix hectares ! La plus grande Cité impériale au monde, ceinturée de douves et d’enceintes était interdite à la population et quiconque était surpris à l’intérieur était passible de la peine de mort. Vivant en vase clos et réfugiés dans le sacralisé, les Fils du ciel, ayant perdu le sens des réalités, coupés du monde, ne quittaient leur palais qu’en cas d’extrême nécessité, laissant les décisions aux mains des eunuques. Cette vie de luxe conjuguée à l’incompétence à gouverner ne pouvait perdurer…

cite interdite

De monumentales portes s’ouvrent toujours plus en avant vers le Palais impérial. Les toits aux tuiles vernies reflètent la lumière du jour, de parfaites mosaïques décorent le haut des murs peints d’ocre, chaque détail attire l’attention.
Des lacs, des jardins parés d’arbres centenaires vénérés par les Chinois, sont aussi impressionnants de grandeur. Des fleurs de lotus égayent les cours d’eau. L’harmonie entre les espaces naturels et la mythologie renforce une ambiance de bien-être et de détente. Seule l’atmosphère polluée me rappelle le vingt et unième siècle. » [...]

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