moto

Mon récit de cette aventure

Après avoir roulé sur plusieurs continents, Jean-Loup Fournier part en Chine au guidon de sa moto. Il va parcourir la légendaire Route de la soie et ses caravansérails dans des contrées mythiques, Turquie, Iran, Turkménistan, Ouzbékistan, Kazakhstan, et, au coeur de la Chine, Xi’an, ultime marché vers l’Occident. Son voyage lui fera découvrir les différentes facettes de la Chine, ses habitants, ses provinces reculées, le nord du Tibet et ses monastères, jusqu’à Pékin et sa Cité Interdite. Il ira au-delà de ses espérances en prolongeant sa route jusqu’à Shanghaï, départ maritime de la Route de la soie, époustouflante de modernité exubérante.

Mon récit est disponible

Chine-Le 27 août 2005. Arrivée à Pékin.

    [...] et mes impressions « à chaud » à la découverte de Pékin, je n’ai pas résisté pas à conserver tel quels ces passages venus tout droit de mon journal de voyage :
    « Pékin (Beijing) capitale politique et administrative d’un pays d’un milliard trois cent millions d’êtres humains, n’en finit pas de cacher sa misère derrière ses buildings ultramodernes, ses hypermarchés et ses grands boulevards ceinturés de périphériques. Sous un ciel lourd, un air pollué, une brume omniprésente, cette ville immense, gigantesque, compte quinze millions d’habitants répartis sur une surface équivalente à la Belgique. Son centre-ville à lui seul est de deux cents kilomètres carrés !

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Chine-Et le peuple tibétain ?

    [...] Confusion facile, la porte Tian Anmen, passage vers la Cité interdite, arbore fièrement en son milieu le portrait de Mao Tsé-toung bordée de larges bandeaux rouges : " Vive la République Populaire de Chine " et " Vive l’amitié entre les peuples " – Ça vaut aussi pour le peuple tibétain ? –

Cette porte, sur la place la plus grande au monde, servait de tribune aux empereurs pour s’adresser à la foule. C’est de celle-ci que le Grand Timonier Mao proclama le premier octobre dix-neuf cent quarante-neuf la République Populaire de Chine. De l’empire au totalitarisme, il n’y a qu’une porte… Et le culte de la personnalité a plusieurs visages. [...]

Chine-La Citée Interdite

[...] C’est gigantesque : cent cinquante mille mètres carrés de constructions – huit cents palais entrecoupés d’immenses places –, réparties sur une superficie de plus de soixante-dix hectares ! La plus grande Cité impériale au monde, ceinturée de douves et d’enceintes était interdite à la population et quiconque était surpris à l’intérieur était passible de la peine de mort. Vivant en vase clos et réfugiés dans le sacralisé, les Fils du ciel, ayant perdu le sens des réalités, coupés du monde, ne quittaient leur palais qu’en cas d’extrême nécessité, laissant les décisions aux mains des eunuques. Cette vie de luxe conjuguée à l’incompétence à gouverner ne pouvait perdurer…

cite interdite

De monumentales portes s’ouvrent toujours plus en avant vers le Palais impérial. Les toits aux tuiles vernies reflètent la lumière du jour, de parfaites mosaïques décorent le haut des murs peints d’ocre, chaque détail attire l’attention.
Des lacs, des jardins parés d’arbres centenaires vénérés par les Chinois, sont aussi impressionnants de grandeur. Des fleurs de lotus égayent les cours d’eau. L’harmonie entre les espaces naturels et la mythologie renforce une ambiance de bien-être et de détente. Seule l’atmosphère polluée me rappelle le vingt et unième siècle. » [...]

Cite interdite

Chine-De Pékin à Shanghaï

Je me range sur le bas-côté de la route. Je fais une pause, voilà plus de six heures que je roule sans interruption, juste le temps d’un ravitaillement en eau et en essence. Dans ma fatigue, je n’avais pas remarqué cet homme sorti du ruisseau putride. Il est grand, le pan de sa veste déchirée laisse apparaître des côtes faméliques, ses pieds sont nus et la fange recouvre ses jambes jusqu’en haut des cuisses, son visage est sec, labouré par les rides d’une vie nourrie d’illusions perdues – c’est tout au moins mon interprétation – et sa pomme d’Adam saillit de son cou lassé de s’incliner. Ses yeux sombres me regardent sans me voir, puis émergent du néant, m’aperçoivent sans surprise. L’homme me salue d’un sourire triste. Sur le flanc du ruisseau, je devine un trou aménagé en tanière ; sa couche, faite de bambou, est protégée par une toile en plastique, à l’écart d’un modeste foyer constitué de gros galets. Le vieillard hausse ses épaules. J’ouvre ma sacoche de réservoir un peu trop rapidement : l’homme, inquiet, fait un pas en arrière. J’use de lenteur pour le convaincre d’accepter le biscuit que je lui tends. Il le saisit prudemment mais l’avale sans le mâcher. Alors je dépose sur l’herbe le paquet de biscuits, et mes barres chocolatées, et mes bouillons cubes, et mes réserves de sel et de sucre, et l’intégralité des mes rations, et mon eau aussi... Tout ce que je peux donner, je le lui donne. 

Je poursuis ma route qui traverse des villes surpeuplées couronnées de grues de construction élevant des usines ou des logements pour ces paysans devenus ouvriers. Pour un salaire de trente centimes d’euros l’heure, de nombreux agriculteurs quittent leurs terres pour vivre à la ville. Force vive de la production industrielle, ces Chinois à la limite du seuil de pauvreté enrichissent leur pays mais malgré leur dur labeur ils profitent bien peu  de cette nouvelle embellie.